Chapitre 3
Le franc tombe… Et je me fige. Le picotement
familier d’une sueur froide prend naissance dans le bas de mon dos. Elle
s’infiltre, sournoise, dans chacune de mes vertèbres, de la lombaire à la
cervicale, termine sa lente ascension au sommet de mon crâne. Mes cheveux se
hérissent un à un. Mon rythme cardiaque prend quarante pulsations…
Boum… Boum… Boum… Boum…
Elle n’est pas là. Bérénice. Elle est en
vacances. Jusqu’à dimanche. Je relève la tête et scrute mon reflet. Dois-je
l’appeler ? Peut-être est-elle rentrée plus tôt que prévu ; l’hôtel était
moche, ses voisins de chambre bruyants, la nourriture exécrable ? Dois-je
téléphoner aux flics ? Pour leur dire quoi… ?
Les silhouettes des épicéas se font menaçantes.
Je sors de ma pétrification et entrouvre les volets. Un craquement résonne dans
mon dos. Je fais volte-face, le souffle coupé. La porte vient de bouger. La
terreur m’envahit. Il y a quelqu’un. Mon cœur bat trop vite dans ma poitrine.
Mes muscles se paralysent. Mes yeux exorbités fixent la porte.
Les minutes s’écoulent. Je reste en état
d’alerte. Je retiens mon souffle, m’approche pas à pas de la porte et l’ouvre
d’un coup sec, prête à crier. Personne. Je jette un coup d’œil rapide dans
toutes les directions. Calme plat. J’allume dans chacune des pièces de l’étage.
J’ouvre les penderies et sursaute alors qu’il n’y a rien.
Je finis par regagner ma chambre, mon lit. Je
laisse la lampe de chevet allumée et analyse la situation. Gérard a pu se
cogner. Gérard a pu heurter un objet. Gérard a pu s’effondrer de tout son poids
de berger allemand sur le sol. La fille de Bérénice a peut-être décidé de
passer la nuit pour lui tenir compagnie. Mon niveau d’alerte passe de cinq à
quatre virgule sept. Je me concentre une nouvelle fois sur ma respiration et
referme les yeux.
Chapitre 4
CRRRRRAC ! Toc…… Toc…. Toc… Toc…Toc Toc Toc
Je me plaque les mains sur la bouche pour ne pas
hurler. Quatre heures sept. Mon cœur reprend son rythme endiablé. Boum… Boum…
Boum… Boum…
Mais-qu’est-ce-que-c’est-que-ce-bruit ? Ca
vient du grenier. Juste au-dessus de ma chambre. Non, je ne veux pas revivre
ça. Pas durant ma nuit test. Pas maintenant que j’ai pris le courage de
franchir le pas. Peut-être qu’un animal s’est introduit par la lucarne
cassée ? Un oiseau ? Une souris ? Un rat ? Oui, un
rat ! Pitié, un rat !
J’en ai vu des films d’horreur. Des films à
suspens. Avec mes copines. Avec mon mari. Ces films dont on loupe la moitié,
planqués derrière un coussin. Ces films où l’on glousse d’adrénaline. Ces films
où l’on jouit de sa propre peur car on sait qu’on peut la couper à tout moment…
Je suis tétanisée. Est-ce le moment
d’appeler les flics ?
CRRRRRAC ! Toc…… Toc…. Toc… Toc..Toc.. Toc
Toc
Si je savais encore bouger, peut-être, oui. Sauf
que le téléphone est en bas. Et que je n’ai jamais voulu de GSM parce que ces
enquêtes débiles nous font croire que les ondes sont mauvaises pour la
santé ! Comment ai-je pu être aussi conne ???
Je dois me planquer au fond de mon lit et
attendre que ça passe. Ou dévaler l’escalier pour m’encourir dans la rue ?
Je ne sais pas. Je ne sais plus. Aucun membre ne semble m’obéir.
Ok. Je vais rester sous la couette et attendre
demain matin, que mon mari revienne avec mon f…
Boum… Boum… Boum… Boum…
… avec mon fils. De trois ans. L’innocence
incarnée. Pur comme la neige. Mon ange. La prunelle de mes yeux. Le petit être
de ma vie. Il lui fera quoi, le voleur, l’assassin, le psychopathe, s’il est
encore dans mon grenier au moment où ils rentrent ?
Bonnes vacannnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnces les UP of B ! Et...
La nuit du 1er, sortez casquée ;-)
Rose Poulette